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La crucifixion

Cette icône, qui a été peinte pour la chapelle orthodoxe de Vézelay n’est pas une illustration de la mise à mort du Christ, mais une mise en image des différents témoignages évangéliques et de leurs « commentaires » liturgiques tels qu’on les trouve dans les offices du Grand Vendredi.

Tout d’abord, la forme de la croix, qui évoque la croix à huit branches des orthodoxes. L’instrument de torture est devenu l’Arbre de Vie.

Le Christ y est comme « posé », ses bras largement ouverts sur le monde, en don total de lui-même.

La fonction iconographique trouve ici sa plus haute expression, se refusant à tout réalisme ou sentimentalisme. Il ne s’agit pas de s’apitoyer sur le supplicié, encore moins de s’horrifier de ses blessures, mais de contempler l’insondable mystère du don qu’Il nous fait.

Ce long corps qui semble épouser sa croix n’est-il pas plus poignant que les crucifiés sanguinolents dont une certaine époque de l’art occidental fût si friande ?

Le Mont du Golgotha est suggéré par les rochers du premier plan, au sein desquels s’ouvre un trou noir dans lequel apparaît un crâne. En effet le mot « golgotha » signifie « lieu du crâne » et la tradition voulait que le crâne du premier homme – Adam – y soit enterré. Si ce crâne est représenté sur l’icône, ce n’est évidemment pas une illustration anecdotique, mais, en paraphrasant St Paul (Epître aux Romains, V) pour nous indiquer que « si par la faute d’Adam le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort », Jésus, nouvel Adam, inaugure une nouvelle humanité et nous libère du péché (rappel : en hébreu le mot "pécher" signifie "rater la cible", en fait "faire le mauvais choix de vie") et nous ouvre la porte d’une nouvelle vie.

Au fond, le mur d’enceinte de Jérusalem. Au premier plan à la droite du Christ, la Vierge et les « trois Marie » (qui se rendront le dimanche matin au tombeau pour l’embaumement), à sa gauche, St Jean et le centurion qui, nous dit Saint Luc, « à la vue de ce qui s’était passé, glorifiait Dieu en disant « Sûrement, cet homme était un juste ! ».

Au dessus de la scène – figurant donc « les cieux » - deux anges éplorés cachent l’un la lune, l’autre le soleil, - illustration du chant des Matines du Grand Vendredi (Ikos de l’Ode 6) : « Toute la création gémit d’effroi en Te voyant suspendu nu sur le bois. Le soleil cache ses rayons… ».